Mes conseils de graphiste pour réduire l’impact de votre communication imprimée

L’empreinte de la communication peut être un vrai casse-tête. Qu’elle soit numérique ou imprimée, son impact ne peut pas être négligé dans une société de plus en plus consciente des enjeux écologiques et sociaux.

Je ne vais pas vous parler ici de l’impact du numérique, même si c’est une question passionnante. Mais, je souhaite mettre le doigt sur l’impact de la communication print car chaque année des tonnes de papier sont imprimées pour faire du marketing, de la publicité et promouvoir différents messages.

Dans cet article, je vous donne mes conseils concrets pour réduire l’impact de votre communication print et vous propose des pistes à explorer pour déployer une communication responsable et plus durable.

Bonne lecture !

Le graphisme joue un grand rôle dans l’impact environnemental de votre communication print

Le visuel de votre support de communication joue un grand rôle dans l’empreinte écologique de votre futur support imprimé. Mais ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte.

L’impression, le papier choisi et la stratégie de communication pensée en amont sont les éléments qui influencent le plus l’empreinte écologique de votre campagne print. Je parlerai de ces deux pistes juste après celle de l’éco-conception et du design (car après tout, c’est mon métier).

Préférer les formats classiques

Pour vos impressions de flyers, d’affiches, de prospectus, de signalétique, de dépliants ou tout autre support publicitaire de communication, il vaut mieux garder un format standard (A3, A4, A5…).

Adieu les formes arrondies ou sur-mesure qui engendrent beaucoup de chutes de papier lors de la découpe.

Ces formats non classiques créent plus de déchets et sont moins faciles à recycler, surtout s’ils comportent des éléments qui empêchent totalement leur recyclage, ce qui augmente l’impact environnemental de votre communication imprimée.ement financière, cela va à l’encontre même des valeurs mises en avant.

Éviter les éléments graphiques qui réduisent le recyclage

Vous avez envie de vous démarquer avec un liseré doré, un beau papier glacé ou bien teinté dans la masse et coloré? Je sais que cela est très tentant pour vos campagnes de communication. Mais ces supports et ce type de finition ne permettent pas le recyclage et sont tout bonnement jetés et brûlés.

Ils produisent donc beaucoup de déchets et d’émissions de CO2.

À une ère où le bois est une ressource naturelle de plus en plus exploitée, et donc chère, il est intéressant de penser à son recyclage pour réduire l’empreinte de votre communication print.

Afin de prévoir la fin de vie de votre document imprimé, vous devez mettre le cartouche info-tri, qui explique comment le trier et dans quel bac le jeter.

Réduire l’encre

C’est sans aucun doute ma partie préférée : réduire l’encre a un vrai impact sur la baisse de l’empreinte carbone de vos impressions. Et tout se joue en amont, au niveau du graphisme !

1 – Utiliser les éco-couleurs et faire attention à son tau d’encrage

Les éco-couleurs, inventées par Sylvain Boyer dans son Ecobranding CMYK Guide se comptent au nombre de 167.

Qu’est-ce que c’est exactement ?

Ce sont tout simplement des couleurs qui ont été pensées pour utiliser un taux d’encrage de 100 %.

Ce terme fait référence à la quantité maximale d’encre utilisée pour imprimer une couleur dans le système Cyan, Magenta, Jaune, Noir (CMJN). Pour créer une couleur, ce sont ces quatre dernières qui sont utilisées et mélangées. Certaines couleurs vont donc devoir utiliser plus d’encre pour ressortir et vibrer.

Les éco-couleurs ont été conçues pour réduire ce taux d’encrage sans détériorer la qualité d’impression du visuel.

2 – Ne pas faire de grands aplats de couleur

Dans la même idée de réduction de l’empreinte environnementale des impressions, il vaut mieux éviter de faire de grands aplats de couleurs. Ainsi, imprimer du texte blanc sur un fond noir n’est vraiment pas très écologique.

Mais, cela vaut aussi pour les aplats colorés, même si vous utilisez des éco-couleur.

Toutes les surfaces non imprimées permettent de réduire l’impact de votre communication print.

Comment faire ?

Remplacez l’aplat par une trame de motifs fins pour colorer une partie. Ainsi, des petits points ou des lignes fines peuvent très bien faire l’affaire et apporter esthétisme et durabilité.e.

Vos pictogrammes ou votre logo peuvent être dessinés au trait et non pas remplis. Cela économise encore de l’encre lors de vos impressions.

Calculez le taux d’encrage sur vos propres designs avec le site Ink Cover.

3 – Bien choisir ses polices

La quantité d’encre que vous allez utiliser sur vos supports print découle aussi du choix de vos polices. Certaines sont plus grasses et sont donc plus gourmandes en ressources.

Deux typographies éco-conçues sont comparées à des polices classiques. Les premières utilisent moins d’encre lors de l’impression.

Il en existe deux qui sont spécifiquement éco-conçues :

La Ryman Eco joue plutôt sur les lignes car ce sont plusieurs traits qui rendent ses caractères lisibles. Cela permet d’économiser environ 30% d’encre lors de l’impression. Cette police gratuite est pensée pour rester esthétique – qu’importe sa taille -, économique au niveau de l’encre, et lisible.

L’Ecofont laisse des petits trous à l’intérieur des lettres pour réduire la quantité d’encre utilisée de 20 à 35%. Ces trous sont invisibles à l’oeil nu pour les caractères de 10 points ou moins. Par contre, à grande taille, ils prennent beaucoup de place et font plus penser à une enseigne lumineuse qu’à une police éco-responsable. Cette typographie gratuite convient donc mieux en petite taille.

L’impact environnemental de l’impression papier

Maintenant que vous avez les clés en main pour réduire notablement l’empreinte de votre communication print, revenons sur les chiffres qui fâchent. Ils vont peut-être vous convaincre de pousser la durabilité de votre communication encore plus loin.

Le coût écologique du papier

Couper des arbres et les transformer pour faire du papier a un vrai impact au niveau des ressources utilisées et des émissions de CO2.

Pour fabriquer une seule feuille de papier format A4, environ 10 litres d’eau sont utilisés.

C’est beaucoup.

Une tonne de papier produit entre 0,5 et 1 tonne de CO2, de la découpe à sa livraison, en passant par son blanchiment, Et c’est sans compter l’impact sur la biodiversité lié aux produits toxiques utilisés pour ce procédé chimique.

Je ne suis pas en train de vous dire qu’il ne faut plus jamais imprimer quoi que ce soit – parce que ce ne serait ni souhaitable, ni possible et que le numérique pollue aussi -, mais il est important d’avoir ces chiffres en tête pour chercher à réduire efficacement son impact.

Ainsi, on évite les impressions en double.

De même, il faut faire très attention à la qualité des images et bien relire pour éviter les coquilles. Cela évite d’imprimer les 1 500 flyers en trois exemplaires.

L’importance de bien choisir son imprimeur, son papier et ses encres

Réduire l’empreinte carbone de sa communication imprimée passe aussi par un bon choix d’imprimerie, d’encre et de papier.

Pour les imprimeurs, essayez de travailler avec des entreprises certifiées qui possèdent un de ces sigles :

  • FSC (Forest Stewardship Council).
  • PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification).

Ces certifications sont valables pour les imprimeurs, mais aussi pour les papiers et vous garantissent une gestion responsable des forêts qui vise un juste équilibre entre protection de la biodiversité, besoins en termes de production de bois et réponse aux demandes de la clientèle. En France métropolitaine, 110 142 hectares de forêts sont certifiées FSC.

Pour votre papier, le mieux reste de demander conseil à l’imprimerie. Elle saura vous conseiller sur le support qui aura le moindre impact en fonction de votre projet. Et contrairement à ce que l’on peut croire, le papier recyclé n’est pas forcément le plus écologique : entre le désencrage, l’ajout de fibres vierges, son blanchiment, et l’endroit dont il provient, son impact peut être conséquent.

Quand vous allez choisir votre papier, ouvrez l’oeil pour ces certifications :

  • ECF – La pâte à papier a été blanchie avec un procédé qui n’utilise pas de chlore élémentaire ou gazeux.
  • TFC – Le blanchiment s’est fait sans aucun chlore.
  • TEF – Les eaux usées générées lors de la production de pâte et papier sont traitées, réutilisées ou complètement éliminées sans être rejetées dans les rivières, lacs ou autres milieux naturels.

Pour les encres, il en existe plusieurs sur le marché (à base d’huile végétale, les encres minérales, ou encore celles à base d’eau…). Malheureusement, il peut être assez difficile, en tant que client·e d’avoir un vrai choix. Cela dépend des machines utilisées par l’imprimerie en fonction des formats et de la quantité d’impressions.

Encore une fois, le mieux reste d’en parler directement avec elle pour faire les meilleurs choix en fonction de votre projet.

Réduire l’impact environnemental de votre communication print : les stratégies responsables

La réduction de l’empreinte de votre communication imprimée se fait bien en amont, dès la stratégie. Et j’en parle en dernier car je pense que c’est un aspect non négligeable à prendre en considération.

Valider l’utilité du support choisi pour une communication plus écologique

Je ne vais pas revenir sur votre stratégie globale, car ce n’est pas mon métier, mais il convient de se demander si le support papier est le plus pertinent pour votre campagne de communication.

Par exemple :

  • Est-ce vraiment utile d’imprimer cette affichette si l’évènement est dans 4 jours et que vous communiquez largement sur les réseaux ?
  • Est-ce pertinent d’imprimer vos supports alors que l’on peut les trouver en version numérique sur votre site internet ?
  • Existe-t-il des alternatives pour réduire la consommation de papier, telles que le QR code ou les cartes de visite électroniques ?
  • Est-ce qu’il y a vraiment besoin de commander 200 exemplaires supplémentaires, même si le tarif est similaire à celui proposé pour la quantité initialement prévue ?

Les premières économies durables se font en amont de l’impression.

Imprimer la juste quantité pour réduire l’impact écologique

Cela peut paraître simple, mais imprimer la juste quantité peut faire beaucoup d’économies et grandement réduire l’impact de votre communication.

Calculez avec précision vos besoins pour imprimer uniquement ce qui sera utilisé. Cela vous évite de jeter des milliers de flyers une fois l’évènement terminé. En plus, ça fait mal au coeur.

Et si vous doutez de la quantité à imprimer, vous pouvez vous tourner vers un principe de précommande ou de crowdfounding. Cela vous permet de connaître la quantité exacte d’éléments à produire et réduit votre impact, mais également vos coûts.

Penser au cycle de vie du design pour une impression responsable

Avant même de penser à votre affichette, votre flyer ou tout autre support, réfléchissez au cycle de vie global de l’évènement.

  • Quelles sont les dates ?
  • Est-ce que le prix est variable ?
  • L’évènement se tient-il plusieurs fois par an ?

Créer des supports de communication sans prix ou sans date permet de garder les supports plus longtemps. Ils peuvent être recyclés, mais surtout réutilisés. Bien évidemment, cela ne s’applique pas à tous les évènements.

Dans ce cas, il faut penser à la manière dont votre support print va être recyclé et ne pas oublier le cartouche info-tri comme je disais au-dessus. Penser à cette fin est un bon moyen de minimiser les ressources utilisées dès le départ.

Vouloir avoir une communication à faible impact, c’est bien ! Bravo pour votre sensibilité et votre envie de faire mieux. Mais il ne faut pas tomber dans le greenwashing. Par exemple, si seulement 20% du papier que vous utilisez pour vos impressions ou vos supports print est recyclé, vous ne pouvez pas affirmer que vous utilisez du papier recyclé pour vos campagnes print.

Surtout, réduire l’impact de sa communication c’est une chose. Mais ce n’est pas là que doivent se nicher tous vos efforts.

L’empreinte carbone de votre entreprise doit se penser de manière globale afin de s’insérer dans une démarche réelle de vouloir faire mieux au niveau social et environnemental. C’est pour cela qu’il est intéressant de réfléchir à votre démarche RSE.

Article rédigé par Emma Nubel, l’Acribologue du web.