L’accessibilité, un travail de forme

Initialement, l’accessibilité évoquait le monde du handicap, des enfants ou des personnes âgées. Aujourd’hui, ce terme s’applique à toute personne et désigne la possibilité d’accéder à un lieu, à un service, à l’utilisation d’un outil, à la compréhension d’une information.

L’accessibilité, dans le domaine de la communication, c’est rendre un contenu disponible à un maximum de personnes. C’est-à-dire que chaque personne, qu’elle soit valide ou non, porteuse de déficience ou non, doit pouvoir accéder et comprendre le message.

La première chose à comprendre lorsqu’on crée du contenu, c’est que si un effort trop important est nécessaire pour accéder au sens d’un texte ou d’une image, la solution de laisser tomber est souvent choisie.

Créer des contenus accessibles est donc important pour une communication inclusive, mais aussi pour inciter son audience à regarder et lire les documents.

Cet article abordera deux points liés à l’accessibilité :

  • l’écriture
  • la mise en forme du message

I) Comment rendre ses contenus accessibles par l’écriture ?

L’un des piliers de l’accessibilité est de rendre les textes facilement compréhensibles. Il ne s’agit pas de changer le fond du message, mais plutôt sa forme grâce à une méthode d’écriture appelée FALC (Facile À Lire et à Comprendre). Alicia est rédactrice et nous avons échangé à ce sujet :

Peux-tu te présenter et présenter ton activité en quelques mots ?

Je m’appelle Alicia Delambre. Je développe l’agence Ecrire et Raconter spécialisée dans la communication claire. La communication claire vise à simplifier notre communication pour la rendre plus simple et plus accessible à tous et toutes.

Peux-tu expliquer la méthode FALC et ses objectifs ?

La méthode FALC a été créée pour et par les personnes en situation de handicap mental. Son but est de rendre l’information accessible à tous et toutes.

La méthode FALC est aussi utile pour les personnes apprenant la langue française, les enfants, les personnes dyslexiques ou âgées.

La méthode est composée d’une cinquantaine de critères. Ce sont des recommandations à suivre pour rendre les documents plus faciles à lire et à comprendre. Les critères reposent sur la synthèse, le vocabulaire, la mise en page ou encore la structure d’un document.

As-tu des conseils à donner pour tester ses textes ?

Pour tester un document, le mieux est de le faire relire par des personnes directement concernées.

Par exemple, si j’écris un document pour des adolescents, je vais proposer la relecture à des adolescents.

On pose des questions aux relecteurs pour vérifier que toutes les notions sont comprises.

En fait, la relecture c’est un travail d’équipe. Nous avons besoin des relecteurs pour créer des documents utiles, et les relectures ont besoin de nous pour créer une information plus accessible.

À la première relecture, il y a très généralement des modifications à apporter. Il ne faut pas hésiter à faire relire plusieurs fois le document et à plusieurs personnes.

As-tu des conseils à donner pour écrire en FALC ?

1 – Il faut aller à l’essentiel.

Aller à l’essentiel, ce n’est pas évident. Surtout qu’à l’école, on a appris à détailler et à rédiger des dissertations. Il faut donc réapprendre à communiquer, à communiquer clairement.

La première étape est de se fixer un but. Avant même de rédiger, il faut que votre but soit clairement fixé. Par exemple, si vous écrivez un mail, votre but peut être : programmer un rendez-vous, sensibiliser, promouvoir un événement, vendre une formation.

Une fois votre but fixé, vous pourrez sélectionner l’information et guider le lecteur.

2 – Des phrases courtes

Trop souvent, des phrases longues rendent l’information ambiguë et compliquée.

En plus, la lecture en diagonale est de plus en plus utilisée. De ce fait, on lit rarement l’intégralité d’un document.

Pour écrire des phrases courtes, mon conseil est de présenter 1 seule idée par phrase. Cela permet de mieux transmettre l’information.

Vous pouvez compter entre 10 et 20 mots par phrase.

3 – Se relire

La relecture d’un document se fait quelques heures, voire une journée, après la rédaction. L’idée est d’avoir suffisamment de recul pour repérer les anomalies.

Comment relire ? On peut décomposer la relecture en 3 parties :

  • Une première relecture pour vérifier la structure du document
  • Une deuxième relecture pour vérifier la qualité de l’information
  • Une troisième relecture pour vérifier les fautes

Comment peux-tu accompagner des personnes qui souhaitent adapter leurs contenus ?

Il y a différentes façons de simplifier son contenu.

1 – Tout d’abord, il faut choisir la méthode adaptée.

Il y a le FALC que l’on vient de présenter, et le Langage clair et simple. Le langage clair et simple est une méthode qui se situe entre le FALC et ”la communication classique.” Elle est moins stricte que le FLAC. Son principe est de rendre n’importe quel document plus simple pour tout le monde (document administratif, guide, contrat, profession de foi).

2 – La rédaction

Si vous souhaitez simplifier vos documents, vous pouvez me confier la rédaction. Dans ce cas, je crée ou adapte vos documents pour les rendre plus simples.

3 – La formation

Pour aller plus loin, et pour mieux comprendre la méthode, il y a des formations et des ateliers d’initiation.

Pour découvrir le site internet d’Alicia
👉 https://ecrireetraconter.com

Pour aller plus loin
👉 Découvrir les règles européennes pour une information facile à lire et à comprendre


II) Comment rendre ses contenus accessibles par la mise en page ?

La qualité de réception de l’information passe en partie par la mise en page de ton document. Celle-ci doit aider la personne qui le lit à accéder facilement au contenu.

1 – une palette de couleurs contrastée

Pour avoir un document lisible, il est primordial que les couleurs soient suffisamment contrastées. En effet, il sera très difficile de dissocier un vert sapin sur un bleu marine, par exemple.

Définir une couleur pâle pour le fond du document et une couleur sombre pour les textes facilite la lecture. L’objectif est d’avoir des couleurs suffisamment contrastées, comme défini par les règles pour l’accessibilité des contenus web (norme WCAG).

Avec l’outil Adobe Color permet de créer une palette de couleurs et de la tester. Il te suffit d’entre le code couleur du fond et du texte pour savoir si tes couleurs sont suffisamment contrastées. Il existe aussi une fonction “vision daltonienne”, pour vérifier que les couleurs sont bien différentiables par les personnes concernées.

Sur un téléphone portable est affiché un post Instagram . Il est illisible car écrit en rouge sur fond bleu canard. Une flèche indique un second téléphone. Le post est identique mais les couleurs sont contrastées.

2 – un texte lisible

Personne ne fera pas l’effort de lire ton document si le texte est écrit trop petit. Privilégie de découper ton texte en plusieurs visuels ou pages plutôt que de diminuer la taille des lettres. Augmenter l’interligne (espace entre les lignes) permet de séparer visuellement les lignes de texte et simplifie la lecture.

Par ailleurs, pour donner envie de lire un texte, il faut éviter à la personne de fournir un effort de déchiffrage. Pour savoir si la police de caractères que tu as choisi est facilement lisible, je te propose de faire un test. Écris une phrase avec la police de caractère de ton choix. En dessous, écris la même phrase en Helvetica ou Verdana. Si tu lis les deux phrases à la même vitesse, c’est que ta police est lisible !

Un premier téléphone montre un post Instagram avec des polices de caractères difficiles à lire. Une flèche indique un second téléphone sur lequel les polices de caractères sont bien lisibles.

3 – une mise en page hiérarchisée qui respire

Plus tes visuels seront chargés (texte, dessins, motifs…), plus chaque élément sera difficile à déchiffrer par ton audience. L’information transmise sera alors, au mieux teintée de l’effort de déchiffrage fourni et donc moins impactante, au pire complètement oubliée.

Créer des espaces blancs dans la page, grâce à des marges et des sauts de ligne, permet à l’œil de prendre des pauses dans la lecture et de ne pas se perdre.

Un texte est plus facilement lisible s’il est ferré à gauche (aligné à gauche) plutôt que justifié. En effet, justifier un texte modifie la taille des espaces entre les mots en les réduisant ou les agrandissant. Ce manque de régularité peut rendre la lecture laborieuse.

Pour que les titres soient facilement identifiables, ils doivent être écrits dans un style différent que le reste du texte et plus grand. Tu peux choisir de changer de police de caractères, de couleur, de graisse…

Un premier téléphone montre un post Instagram dont tout le texte est collé à gauche, ce qui le rend illisible. Une flèche indique un second téléphone sur lequel les textes sont bien agencés, il y a des marges qui rendent la lecture plus facile.

4 – valoriser des parties de texte

Quand certains mots d’une phrase se distinguent du reste du texte, le cerveau lit plus vite et plus facilement. Valoriser certains éléments du texte est donc essentiel, surtout s’il est long. Pour mettre certains éléments en valeur dans le corps du texte, il est préférable d’utiliser du gras. En effet, les éléments soulignés (surtout si le texte est écrit petit) ou en italique sont plus difficiles difficiles à lire pour certaines personnes.


Conclusion

Pour rendre ses contenus accessibles, nous avons vu que le travail du texte et de sa mise en forme est indispensable. Ces éléments sont valables pour une communication imprimée ou digitale.

Aborder spécifiquement le sujet de l’accessibilité numérique demanderait un article entier. Voici toutefois quelques leviers d’action :

  • intégrer un texte alternatif aux images postées sur les réseaux sociaux ou les sites internet ;
  • sous-titrer les vidéos ;
  • proposer une transcription écrite des podcasts ;
  • limiter le nombre d’emojis dans les textes ;
  • éviter les # en plein milieu du texte et mettre une majuscule à chaque première lettre d’un mot dans un hashtag.

Pour comprendre les enjeux de l’accessibilité des sites internet, je t’invite à lire l’article de Fabien Perot sur ce sujet.

Cet article a été écrit dans le cadre de l’info-lettre du Co-lab, sur le thème de l’accessibilité.