L’accessibilité : le fondement d’une communication inclusive. Interview et conseils pour y parvenir.

Aujourd’hui, les enjeux sociaux liés à l’inclusivité et la diversité sont de plus en plus présents, et c’est une (très) bonne chose ! Mais, cela met parfois de côté l’accessibilité des contenus. Parce que oui, chaque personne qui tombe sur un visuel ou une communication print n’est pas forcément valide ou neurotypique.

Il est impératif de sortir de son propre prisme pour prendre en considération ces différences et les inclure dans sa communication afin que son message soit accessible à un maximum de personnes.

Cet article abordera deux points essentiels liés à l’accessibilité :

  • L’écriture : j’ai interviewé Alicia, rédactrice qui travaille avec la méthodologie FALC pour rendre ses contenus compréhensibles par chacun·e.
  • La mise en forme du message : je vous donne mes conseils de graphiste pour rendre vos publications accessibles et inclusives.

Qu’est-ce que l’accessibilité ? Définition.

Initialement, l’accessibilité évoquait le monde du handicap, des enfants ou des personnes âgées. Aujourd’hui, ce terme s’applique à toute personne et désigne la possibilité d’accéder à un lieu, à un service, à l’utilisation d’un outil, à la compréhension d’une information.

L’accessibilité, dans le domaine de la communication, c’est l’acte de rendre un contenu disponible à un maximum de personnes. Idéalement chaque individu, valide ou non, porteur de déficience ou non, doit pouvoir accéder et comprendre le message.

La première chose à comprendre lorsqu’on crée du contenu, c’est que si la personne en face doit faire un effort trop important pour accéder au sens d’un texte ou d’une image, il est plus simple de laisser tomber. Et c’est normal si rien n’est fait pour faciliter l’accès aux informations.

Créer des contenus accessibles est donc important pour une communication inclusive, mais aussi pour inciter son audience à regarder et lire les documents.


1. Rendre ses contenus accessibles par l’écriture – interview d’Alica

L’un des piliers de l’accessibilité est de rendre les textes facilement compréhensibles. Il ne s’agit pas de changer le fond du message, mais plutôt sa forme grâce à une méthode d’écriture appelée FALC (Facile À Lire et à Comprendre).

Alicia est rédactrice et nous avons échangé à ce sujet. Voici ces conseils pour écrire des publications pour les réseaux sociaux qui soient facilement compréhensibles par le plus grand nombre.

Peux-tu te présenter et expliquer ton activité en quelques mots ?

Je m’appelle Alicia Delambre. Je développe l’agence Ecrire et Raconter spécialisée dans la communication claire. La communication claire vise à simplifier notre communication pour la rendre plus simple et plus accessible à tous et toutes.

Peux-tu expliquer la méthode FALC et ses objectifs ?

La méthode FALC a été créée pour et par les personnes en situation de handicap mental. Son but est de rendre l’information accessible à tous et toutes.

La méthode FALC est aussi utile pour les personnes apprenant la langue française, les enfants, les personnes dyslexiques ou âgées.

La méthode est composée d’une cinquantaine de critères. Ce sont des recommandations à suivre pour rendre les documents plus faciles à lire et à comprendre.

Les critères reposent sur :

  • sur la synthèse,
  • le vocabulaire,
  • la mise en page,
  • la structure d’un document.

As-tu des conseils à donner pour tester l’accessibilité de ses textes ?

Pour tester un document, le mieux est de le faire relire par des personnes directement concernées. Par exemple, si j’écris un document pour des adolescent·es, je vais proposer la relecture à des adolescent·es.

On pose des questions aux relecteurs ou relectrices pour vérifier que toutes les notions sont comprises.

En fait, la relecture est un travail d’équipe. Nous avons besoin des relecteurs pour créer des documents utiles, et les relecteurs ont besoin de nous pour créer une information plus accessible.

À la première relecture, il y a très généralement des modifications à apporter. Il ne faut pas hésiter à faire relire plusieurs fois le document et à plusieurs personnes différentes.

As-tu des conseils à donner pour écrire en FALC ?

1 – Aller à l’essentiel.

Aller à l’essentiel, ce n’est pas évident. Surtout qu’à l’école, on a appris à détailler et à rédiger des dissertations. Il faut donc réapprendre à communiquer, à communiquer clairement et couper les informations futiles ou qui n’apportent rien.

La première étape est donc de se fixer un but. Avant même de rédiger, il faut que cet objectif soit clairement défini. Par exemple, si vous écrivez un mail, vous allez peut-être vouloir : programmer un rendez-vous, sensibiliser, promouvoir un événement, vendre une formation.

Une fois votre but fixé, vous pourrez sélectionner l’information et guider le lecteur. Cela va servir de fil rouge et vous aiguiller dans les informations à couper et celles à garder.

2 – Écrire des phrases courtes

Trop souvent, des phrases longues rendent l’information ambiguë et compliquée.

En plus, la lecture en diagonale est de plus en plus utilisée, surtout lorsque la cible lit sur ton téléphone. De ce fait, on lit rarement l’intégralité d’un document.

Pour écrire des phrases courtes, mon conseil est de présenter une seule idée par phrase. Cela permet de mieux transmettre l’information. Vous pouvez compter entre 10 et 20 mots par phrase.

En suivant l’objectif défini en amont, demandez-vous à chaque fois si la phrase est nécessaire et si elle vous permet d’atteindre ce but. N’hésitez pas à couper tout le superflu pour garder seulement les informations essentielles.

3 – Se relire

La relecture d’un document se fait quelques heures, voire une journée, après la rédaction. L’idée est d’avoir suffisamment de recul pour repérer les anomalies.

Comment relire ?

On peut décomposer la relecture en 3 parties :

  • Une première relecture pour vérifier la structure du document.
  • Une deuxième relecture pour vérifier la qualité de l’information.
  • Une troisième relecture pour vérifier les fautes d’orthographe, de grammaire et de syntaxe.

Comment peux-tu accompagner des personnes qui souhaitent adapter leurs contenus ?

Il y a existe différentes manières de simplifier son contenu.

1 – Tout d’abord, il faut choisir la méthode adaptée.

Il y a le FALC que l’on vient de présenter, et le Langage clair et simple.

Le langage clair et simple est une méthode qui se situe entre le FALC et ce que l’on appelle ”la communication classique.” Elle est moins stricte que le FLAC. Son principe est de rendre n’importe quel document plus simple pour tout le monde (document administratif, guide, contrat, profession de foi).

2 – La rédaction

Si vous souhaitez simplifier vos documents, vous pouvez me confier la rédaction. Dans ce cas, je crée ou adapte vos documents pour les rendre plus simples et plus compréhensibles.

3 – La formation

Pour aller plus loin, et pour mieux comprendre la méthode, il y a des formations et des ateliers d’initiation que vous pourrez retrouver sur mon site internet.


2. Rendre ses contenus accessibles par le graphisme – mes conseils

La rédaction est la première chose à simplifier pour avoir un contenu accessible. Mais, il ne faut pas mettre de côté le graphisme et le design de vos publications. Car la qualité de réception de l’information passe en partie par la mise en page de votre document. Celle-ci doit aider la personne qui le lit à accéder facilement au contenu.

Voici mes 4 conseils principaux pour créer du contenu accessible.

1 – Une palette de couleurs contrastée

Pour avoir un document lisible, il est primordial que les couleurs soient suffisamment contrastées. En effet, il sera très difficile de dissocier un vert sapin sur un bleu marine, par exemple. Ou encore un blanc sur un fond jaune.

Cela ne vaut donc pas uniquement pour le rouge et le vert pour les personnes qui souffrent de daltonisme. Il existe de nombreuses déficiences visuelles, c’est pour cette raison qu’il est très important d’adopter une identité visuelle stratégique où les couleurs sont bien contrastées.

Ainsi, définir une couleur pâle pour le fond du document et une couleur sombre pour les textes facilite la lecture. L’objectif est d’avoir des couleurs suffisamment contrastées, comme défini par les règles pour l’accessibilité des contenus web (norme WCAG).

L’outil Adobe Color permet de créer une palette de couleurs et de la tester. Il vous suffit d’entrer le code couleur du fond et du texte pour savoir si vos couleurs sont suffisamment contrastées. Il existe aussi une fonction “vision daltonienne”, pour vérifier que les couleurs sont bien différentiables par les personnes concernées.

Sur un téléphone portable est affiché un post Instagram . Il est illisible car écrit en rouge sur fond bleu canard. Une flèche indique un second téléphone. Le post est identique mais les couleurs sont contrastées.

2 – Un texte lisible

Personne ne fera l’effort de lire votre document si le texte est écrit trop petit ou qu’il est trop rapproché. Ce n’est vraiment pas agréable.

Privilégiez de découper votre texte en plusieurs visuels ou pages plutôt que de diminuer la taille des lettres. Augmenter l’interligne (espace entre les lignes) permet de séparer visuellement les lignes de texte et simplifie la lecture. Cela vaut de manière générale pour créer des contenus attrayants sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, pour donner envie de lire un texte, votre lectorat ne doit pas fournir un effort de déchiffrage. Pour savoir si la police de caractères choisie est facilement lisible, voici un teste à réaliser soi-même.

Écrivez une phrase avec la typographie de votre choix. En dessous, rédigez la même phrase en Helvetica ou Verdana. Si vous lisez les deux phrases à la même vitesse, c’est que la police est lisible !

Un premier téléphone montre un post Instagram avec des polices de caractères difficiles à lire. Une flèche indique un second téléphone sur lequel les polices de caractères sont bien lisibles.

3 – Une mise en page hiérarchisée et aérée

Plus vos visuels seront chargés (texte, dessins, motifs…), plus chaque élément sera difficile à déchiffrer par votre audience. L’information transmise sera alors, au mieux, difficilement déchiffrable et donc moins impactante, au pire elle sera complètement oubliée.

Voici mes conseils de graphiste pour aérer vos visuels :

  • Créez des espaces blancs dans la page, grâce à des marges et des sauts de ligne. Cela permet à l’œil de prendre des pauses dans la lecture et de ne pas se perdre.
  • Alignez votre texte à gauche, il sera plus lisible. Justifier un texte modifie la taille des espaces entre les mots en les réduisant ou les agrandissant. Ce manque de régularité peut rendre la lecture laborieuse, surtout pour une communication numérique.
  • Rédigez vos titres dans un style différent et en plus grand. Changez de police de caractères, de couleur, de graisse…
  • Privilégiez les typographies sans serif qui restent plus lisibles que celles très manuscrites ou avec des empattements.
Un premier téléphone montre un post Instagram dont tout le texte est collé à gauche, ce qui le rend illisible. Une flèche indique un second téléphone sur lequel les textes sont bien agencés, il y a des marges qui rendent la lecture plus facile.

4 – La mise en avant de certaines parties

Quand certains mots d’une phrase se distinguent du reste du texte, le cerveau lit plus vite et plus facilement. Valoriser certains éléments du texte est donc essentiel, surtout si ce dernier est long.

Pour mettre certains éléments en valeur dans le corps du texte, il est préférable d’utiliser du gras. En effet, les éléments soulignés (surtout si le texte est écrit petit) ou en italique sont plus difficiles à lire pour certaines personnes, notamment si elles sont astigmates ou ont des problèmes de vues.


L’accessibilité se travaille sans cesse

L’accessibilité se travaille sur le fond comme sur la forme.

Les deux sont indissociables et cela vaut pour les supports print et digitaux. Voici quelques conseils pour améliorer l’accessibilité de votre communication numérique :

  • Intégrez un texte alternatif aux images postées sur les réseaux sociaux ou votre site internet.
  • Sous-titrez vos vidéos, que ça soit vos stories ou vos formations.
  • Proposez une transcription écrite des podcasts.
  • Limitez le nombre d’emojis dans les textes car ces derniers sont lus par des outils vocaux et peuvent altérer la compréhension.
  • Éviter les hashtags en plein milieu du texte et mettez une majuscule à chaque première lettre d’un mot pour faciliter la compréhension et la lisibilité. Par exemple : #EntrepriseEngagee ou encore #JeNeSuisPasMonHandicap

Pour comprendre les enjeux de l’accessibilité des sites internet, je vous invite à lire l’article de Fabien Perot sur ce sujet.

Vous souhaitez avoir une identité visuelle qui incarne vos valeurs environnementales et qui mette l’originalité et l’accessibilité au cœur de sa conception ?